Il y a quelques temps je recevais une invitation de ce Conseil de la Jeunesse de Montréal, de répondre à quelques questions. Très gentils, ces braves gens m'adressent un questionnaire auquel je doit tâcher de répondre en 100 ou 120 mots.
Bien évidemment je n'ai pas pris cette exigence au pied de la lettre. En somme j'avais compris qu'on me demandait de ne pas écrire une thèse sur chaque sujet abordé. D'accord ! Mais moi j'aime ça beaucoup m'exprimer clairement, et ce n'est pas ma tasse de thé que de simplifier ma pensée pour qu'elle ''fitte'' (c'est de l'anglais bâtard) dans un corset écrit contraignant. Je me suis dit que peu importait si je débordais un peu, que de toute façon ce sont des adultes, et ils vont être bien contents que je me donne la peine de leur répondre. Après tout ils posent des questions importantes, et à une époque ou la jeunesse est capable de se taper les 7 gros tomes de Harry Potter, ce ne sont pas quelques phrases de plus qui vont les effrayer.
Grosse erreur de ma part. Ils m'ont réécris pour me demander de reprendre l'exercice, et de m'en tenir (écoutez ben ça) au nom de la justice pour les autres, aux 120 mots exigés.
Alors là je leur ai bien dit que je trouvais cette attitude parfaitement infantile, et ils m'ont réécrit pour me dire qu'ils n'allaient pas publier mes réponses. Tiens toé mon bonhomme, ça t'apprendra! Puis ils sont allés bouder. Alors je vais moi ici sur mon blogue publier à la fois leurs questions et mes réponses. Parce que moi, je ne boude pas, c'est pas de mon âge.
Déjà que quand j'avais 6 ans je ne boudais plus depuis 4 ans, c'est vous dire si je m'amuse devant la réaction de ce Conseil de la Jeunesse de Montréal. Y sont vraiment difficiles hein ces enfants gâtés-là.
Mais ils m'ont bien fait rire avec leur réaction pincée.
***
Voici leur questionnaire et mes réponses.
Merci
de ne pas dépasser 100 mots par question.
Merci
de nous joindre en pièce jointe le logo de votre formation politique afin que
nous puissions l’afficher lors de la diffusion des réponses?
Merci
de nous envoyer le questionnaire complété d’ici le 7 octobre. La publication se
fera sur nos médias sociaux à compter du 9 octobre.
Nom du
candidat/de la candidate : Clément Sauriol
Formation
politique : Indépendant
1. Comment comptez-vous déployer la
nouvelle Stratégie jeunesse montréalaise 2013-2017, au sein de la Ville centre et des
arrondissements?
La question que vous me posez
implique qu’il y a déjà une stratégie jeunesse, et qu’elle est nouvelle. Je
connais pas mal de groupes de jeunes, et pour vous répondre il faudrait que je
sache ce dont il est question ? De quel groupe émane cette stratégie nouvelle ?
Est-ce votre Conseil qui l’a élaborée ? Si oui faites m’en tenir une copie. Je la
lirai dans sa totalité, et serai ensuite en mesure de vous répondre. Il tombe
sous le sens que je ne serais pas sérieux si je me prononçais sur un projet
dont j’ignore les tenants et aboutissants. Je savais qu’il y avait un Conseil Jeunesse à Montréal, comme il y en a un à tous les niveaux de gouvernements,
mais je n’en connais aucun des membres. Et je n’ai pas encore reçu de ce
Conseil de déclaration d’intention. Affaire à suivre avec grand intérêt.
2. Quelle est la place des jeunes dans votre équipe
et dans votre programme?
Pour le moment les jeunes qui
m’ont offert leur aide sont essentiellement de ces «nerds», soit dit gentiment,
qui savent pitonner des ordinateurs, et qui connaissent la manière de
travailler les réseaux sociaux. Ils m’aident aussi à faire mes affiches, et
travaillent à mon élection en rameutant leurs amis, à qui ils indiquent où et
comment prendre connaissance du programme que je propose aux montréalais. Ils
sont actuellement une douzaine en première ligne, et chacun prétend avoir son
propre réseau. Je verrai le 3 novembre ce que valent ces réseaux-là. C’est à
l’œuvre qu’on connait l’artisan. Pour l’essentiel ils me parlent de WI-FI,
chose qui sera la norme partout dans les grandes villes d’ici quelques années.
D’autre me parlent de droits humains et ils sont nombreux. La plupart
voudraient s’impliquer mais avouent ne pas savoir comment. Il faudra les former
avant de les embarquer dans des projets. Par contre il y a quand même pas mal
de groupes bien structurés, dont sans doute le vôtre, avec lequel j’aurai
plaisir à travailler. J’espère que lorsque je serai élu, qu’ils seront nombreux
à présenter des projets, et à faire des suggestions. Je me servirai des
ressources déjà existantes à la ville pour les accueillir, et leur donner la
possibilité de s’impliquer à tous les niveaux qu’ils jugeront d’intérêt.
3. Comment comptez-vous encourager davantage les jeunes Montréalais à s’engager
dans la ville?
Je n’ai aucune idée préconçue à
ce sujet. Comme je l’ai dit plus haut ce sont les jeunes eux-mêmes qui doivent
s’impliquer. Le rôle du maire sera alors de s’assurer qu’ils seront entendus,
puis écoutés. Je verrais assez bien une rencontre aux 3 mois (peut-être même
plus si cela s’avère prometteur) une sorte de table de concertation où les jeunes
et les plus jeunes, pourront débattre de leurs projets. Il faudra sans doute
qu’ils aient des lieux faciles d’accès (de préférence sans frais) avec un
matériel adéquat pour leur permettre de s’impliquer. Ce ne sont pas les lieux
qui manquent à Montréal, et avec les deux nouveaux CHUM, il va se libérer une
somme astronomique de lieux qui pourront être utilisés. Pas seulement pour
parler, mais aussi pour faire des projets. Je pense ici aux artisans qui sont
presque toujours sans le sou, et qui tirent le diable par la queue pour se
trouver des endroits où ils peuvent vivre et s’épanouir dans la créativité. Je
leur faciliterai grandement les choses.
4. Comment comptez-vous attaquer la problématique du taux de chômage élevé
qui touche particulièrement les jeunes montréalais?
Montréal est d’abord une ville.
Son rôle en matière de création d’emplois est très limité. Sauf en ce qui concerne
la fiscalité. Par exemple, des lieux qui ne coûtent presque rien, sauf le
chauffage et l’électricité, sont une bonne base pour aider toute une jeunesse créative
à se faire son propre emploi. J’estime que la meilleure façon de se faire
soi-même, est d’être autonome. C’est une question de dignité. D’autre part la
ville peut certes s’impliquer dans des projets plus vastes, et avec de grands
ensembles privés, favoriser la formation et la prise en charge de jeunes,
désireux de se tailler un métier. Je suis moi-même diplômé de l’Institut
Teccart, et je sais ce que vaut une bonne formation technique. La ville pourra
certainement offrir des stages de formation dans son propre réseau et à tous
les niveaux.
5. Comment comptez-vous favoriser le développement durable?
Personne ne sait exactement ce
que veut dire cette expression. On annonce sous cette rubrique des projets qui
doivent s’inscrire dans la durée, être de préférences écologiques, qu’ils aient
la capacité de grandir, et d’ajouter de la valeur. Mais en somme le terme
demeure vague à souhait. On parle d’agriculture urbaine, de toits verts, un
domaine qui exigera beaucoup de monde, et sera créateur d’emplois, d’énergies
douces, et beaucoup de recyclage. Mais il faut aussi que Montréal se taille une
place dans l’avant-garde des nouvelles technologies, qui visent à économiser
les énergies, et rendent la vie civile moins trépidante, plus conviviale, moins
stressante. On peut tabler sur les transports en commun, le partage des
véhicules, etc etc etc. Il faudra bien évidemment bonifier tout ce qui
améliorera le civisme, la vie de quartier, l’implication des citoyens rue par
rue, maison par maison. Le développement durable est, c’est sans doute ici une
approche personnelle, une affaire de qualité de vie.
6. Comment comptez-vous favoriser le développement et la qualité des
transports en commun, ainsi que d’encourager les modes de transports actifs?
Les méthodes existent. D’abord
contrairement à M. Bergeron, je suis absolument contre l’installation de
tramways dans la ville. J’en exposerai les raisons techniques détaillées si on
me le demande. C’est une approche du XIXe Siècle et c’est dépassé. Quand aux
coûts éventuels d’une telle aventure c’est carrément délirant. J’ai évoqué plus
haut le partage de la route. D’abord encourager fortement le covoiturage.
Abolir la taxe de bienvenue pour inciter les gens à s’installer à Montréal,
plutôt qu’à se réfugier dans les banlieues. On peut, cela a été essayé
ailleurs, permuter les numéros des plaques de voitures (paires, impaires) et
ainsi faire des jours pairs et/ou impairs. C’est une bien meilleure idée que de
faire payer les automobilistes pour pénétrer dans un quartier, comme cela se
fait à Londres. Montréal n’a pas la taille de Londres et notre climat est
disons, spécial. Je verrais assez bien une formule voitures électriques de ville comme le BIXI par exemple. De telles
voitures serviraient plusieurs fois chaque jour. Il faut trouver une bonne
formule. De plus, il faut rationaliser le stationnement et ses frais
abominables, de manière que les gens puissent immobiliser leur voiture pendant
des jours, voir des semaines, sans être pénalisés. Ces voitures qui
constamment se cherchent un stationnement réglementé à la folie, causent une
circulation parasite et une pollution effarante. Il faut changer cela et permettre aux gens de
souffler. Je ferai probablement la guerre aux parcomètres, engeance nuisible.
J’ai pas mal d’autres idées concernant la bicyclette, les rues réservées à
certaines heures, et surtout la gestion de la circulation aux heures de pointes,
en inversant le sens des rues afin de faciliter l’arrivée et la sortie de cette
foule, qui se précipite matin et soir, dans d’affreux embouteillages. J’ai dans
mes dossiers des dizaines de pages qui détaillent cette façon de voir les
choses.
7. Comment comptez-vous favoriser les saines habitudes de vie chez les
jeunes de la métropole, et quels types d’actions prévoyez-vous mettre de
l’avant?
Déjà avec les premières
expériences de popotes roulantes, on voit qu’il y a là une volonté de ne pas encourager
n’importe quoi. Mais il faut que cette cuisine, qui favorise le rapprochement
des citoyens demeure abordable. Un sandwich à 10$ avec un breuvage à 4$ plus
les taxes ce n’est pas cela qui va aider ceux qui comptent leurs sous. Quant à
permettre la vente de malbouffe, chose qui ne semble pas affecter outre mesure
un certain politicien à l’embonpoint révélateur, ce n’est pas non plus
une façon d’aborder ce problème. Bien évidemment il faut donner l’exemple.
Éducation d’abord. Bannir toute cette saloperie des arénas, des évènements
sportifs, ou à tout le moins taxer la malbouffe et détaxer la nourriture saine.
Qui va juger de tout cela ? Difficile je vous le concède. Mais bon, il existe
tout de même des pistes de réflexion. Je voudrais aussi que toute la nourriture
même passée date, mais encore bonne, soit remise aux agences d’aide comme
Moisson Montréal par exemple. Il faut que la ville s’assure que chaque enfant
mange à sa faim, soit chez lui soit à l’école. J’ai aussi là-dessus beaucoup
réfléchis aux manières de faire, et j’en dirai pas mal plus lorsque j’aurai
l’espace pour le faire. C’est un dossier très important.
8. Comment comptez-vous assurer l’accès à un logement
abordable aux jeunes montréalais?
C’est curieux à quel point ces
histoires de logements décents à prix abordables reviennent à chaque élection.
Le Québec augmente en population grosso-modo de quelques 100,000 personnes par
année. On ajoute donc un million à la population aux dix ans. Il faut loger
tout cela. Et pas dans des taudis insalubres. D’autre part, il y a des
logements qui arrivent en fin de vie. Moisissures, délabrement, manque
d’entretien, vétusté. Il faut en détruire un certain nombre, et en mettre
d’autres aux normes. La ville pourrait offrir à des propriétaires, de devenir
partenaires d’une agence de logements sociaux, en échange de certains
privilèges, comme une forte diminution de taxes, et une surveillance de l’état
des bâtiments ainsi enrégimentés aux nécessités sociales. Un encadrement sain,
efficace, rigoureux, avec responsabilisation du locataire, assurerait à la
ville une banque de logements, qu’elle pourrait ensuite répartir selon des
conventions faites entre adultes responsables. Un peu comme les coopératives
d’habitations qui se louent en fonction des revenus. Il y a beaucoup à faire
encore dans ce domaine.
9. Comment comptez-vous rendre Montréal plus attrayante pour les jeunes
familles qui quittent de plus en plus Montréal au profit de la banlieue?
Je l’ai dit plus haut, commencer
par abolir la taxe de Bienvenue, une véritable horreur fiscale. Puis aussi
favoriser comme dit précédemment, la tenue d’une banque de logements
abordables. Je suis absolument partisan d’une agence qui va colliger tous les
baux, et ainsi mettre un terme aux agissements de propriétaires abusifs, qui
expulsent des gens sous des prétextes douteux, aux seules fins de pouvoir augmenter
les loyers. Le corollaire de cela est qu’il faut avec cette agence qui
colligera les baux, offrir une protection aux propriétaires corrects, contre
les déprédations, les locataires nuisibles et mauvais payeurs. Ce n’est pas
aussi compliquée que cela en a l’air. Il existe ailleurs dans le Monde des
formules qui ont fait leurs preuves, et ici au Québec on peut accoucher de
formules originales qui nous seront propres.
10. Comptez-vous agir afin de vous assurer que tous les jeunes Montréalais
aient accès à des services de proximité similaires, alors que l’offre de
service peut varier grandement d’un arrondissement à l’autre?
Qu’est-ce que vous entendez par
des services de proximité similaires? Je vous avoue que ce jargon m’indispose.
On parle de bibliothèques, de loisir, d’arénas, de parcs d’encadrement des
jeunes avec des moniteurs, des activités culturelles, sports, films rencontres
familiales, échanges entre les arrondissements, ouverture aux autres cultures,
activités après classes. Et bien sur, faire en sorte que les jeunes, je parle
ici des très jeunes entre 8 et 14 ans, soient impliquées dans des activités de
quartiers, et pourquoi pas qu’ils puissent en tirer des revenus pour financer
leurs activités. Je vous ferai une liste si vous voulez. Je gage que j’arrive à
dégager plus d’une centaine d’activités. On y reviendra.
Voilà, c'est vraiment toute une corvée que de lire tout ça. Ça m'a pris 10 minutes ! Pfiou !
Et pour l'écrire 20 minutes. Effrayant!
Clément Sauriol