Montréal le mardi 19 mai 2015


Bien sur que personne n'aime se faire couper ses budgets. Et toucher à l'Éducation, c'est comme la Santé. Quiconque passe les ciseaux dans tout ce qui touche à ces grands secteurs sociaux, est perçu comme un tyran, un despote, un quelconque satrape d'un autre âge. Les tyrans et les despotes ne sont pas ceux qui sont ciblés à la fois par les médias et les syndicats.
Pourtant c'est au Québec qu'on retrouve en Amérique, le plus haut taux de syndicalisation des travailleurs, ce qui reflète un souci collectif de contrer les réels abus de tous les patronats, y compris celui de l'État. Alors on s'attendrait à tout le moins que ces syndicats-là remplissent un rôle social de protection du citoyen qui soit à la mesure de la confiance dont ils jouissent. Qu'est-ce que c'est donc que cette culture chez eux de corporatisme et de protection de tous leurs membres, sans nuances, y compris ces incompétents qui plombent la société ? Ont-ils donc abdiqué toute responsabilité sociale?
Ce qu'il y a de plus révélateur dans ces histoires de coupes, est que les administrateurs lorsqu'ils n'ont plus le choix... sinon gare au ministre... tranchent finalement dans le vif des services de proximité aux citoyens. On flanque à la porte des professeurs, des intervenants auprès des malades ou des étudiants, mais on se garde bien d'élaguer de manière significative dans l'administration elle-même. On fait quelques exemples mais c'est purement cosmétique.
Ces gens-là savent protéger leurs fioles, passez-moi l'expression. Regardez par exemple le Siège Social de la Commission Scolaire de Montréal au 3737 rue Sherbrooke est à Montréal. Ce bâtiment-là à lui seul fait pâlir d'envie la première quelconque petite multinationale.Il est l'emblème à lui seul de l'omnipotence bureaucratique dite administrative, qui règne en maîtresse absolue sur la fonction du Savoir.
Je serais surpris qu'il y ait ailleurs au Québec une telle concentration de pitonneux d'ordinateurs, de pousseux de crayons, de fonctionnaires assis sur leur cul, qui s'indignent tout comme les pharmaciens, avec les mêmes menaces envers les citoyens, si on ose leur demander des comptes, des sacrifices, des éclaircissements, quant à ce qui justifie une telle bâtisse, si remplie de gens qui n'enseignent rien, ne font jamais de ménage dans les écoles ni le moindre petit gardiennage de cour de récréation. Au fait ils sont combien qui ''s'occupent'' dans ce palais voué aux dieux de l'inertie?

Ils ne sont dans le domaine de l'Éducation que pour y faire de la comptabilité, étudier des études sur d'autres études. Coudonc... ils ont des milliers d'ordinateurs, dont un seul suffirait à colliger tout ce qui touche à l'administration de toutes les écoles de la Ville de Montréal. Et ces gens-là coupent dans les services directs aux étudiants, aux enfants ???
Ils se préservent de tout sacrifice, et pourtant si on enlevait de leur armée de prébendés la moitié des postes qu'ils occupent...j'en enlèverait quant à moi 90% sans barguigner...non seulement on économiserait 200 ou 300 millions (seulement à Montréal), mais en plus on pourrait en réinvestir une part significative dans l'embauche de professeurs et de gens dévoués aux enfants, aux élèves. Et très certainement qu'en simplifiant cette gestion maintenant pharaonique, on améliorerait considérablement l'efficacité alors qu'on pourrait enfin se pencher sur de vrais défis éducatifs. Au lieu de quoi c'est le contraire qui se produit.
J'avance ici une échelle chiffrée qui devrait représenter le ratio administration-services aux étudiants: soit 9% pour l’administration de tout le système d'Éducation au Québec, 10 à15 % pour l'entretien des bâtiments, et 76 à 81% directement à l'Éducation, aux services de proximité, comprenant les salaires des professeurs, des intervenants, et le matériel scolaire.
Et puis en fin de compte ils administrent et gèrent quoi au juste? Les écoles tombent en ruines, submergées par les champignons, les punaises, les cafards, les souris. La plomberie dégouline tout comme les toits. La performance scolaire à tous les niveaux est indigente, les élèves après quinze ans et plus de scolarisation ne savent ni écrire ni penser, et on doute qu'ils sachent lire, encore moins compter. Et ce sont eux ces administrateurs-là qui le disent. Ils constatent ainsi la faillite de leur gestion (tu parles) et voudraient plus de budget ? S'il fallait le doubler ils doubleraient tout simplement leur incompétence et aggraveraient les choses dans la même proportion.
Mais là dites donc attendez voir un peu... si vous flanquez à la porte près de 300 professeurs, concierges, psychologues, qu'est-ce qui justifie que l'on préserve votre job d'administrateur, voulez-vous ben me le dire hein? Vous flanquez dehors votre personnel et vous voulez garder votre emploi ? Pourquoi faire ?
Pourvu que le Ministre de l'Éducation mette ses culottes et impose une vraie tutelle à cette bande de buveurs de sueur et de sang.
Ras le bol !

Clément Sauriol