Venez me rencontrer tous les jours au Marché Jean Talon. L'après midi je suis au Café Inn ou à l'ilot central des tables de pic nic.
La pauvreté est aussi
une culture.
Les principales causes
sont connues. Elles se conjuguent en manque d'éducation et de scolarisation
d'abord. Puis la pauvreté est aussi affaire de climat social. On nait pauvre
dans un quartier pauvre où l'on grandit entouré de pauvres qui s'échangent de
la pauvreté comme on s'échange des microbes. Que personne ne voit dans ma façon d'aborder ce problème, un blâme ou du mépris
pour qui que ce soit. Si j'utilise un langage imagé c'est justement pour faire
image. Pas autre chose.
La critique est
aisée, mais l'art est difficile!
Je n'empêcherai
certainement pas les faquins de la rectitude morale et politique de puiser dans
mes analyses, le nécessaire à leur discrédit. Tâcher de comprendre est une
chose difficile. Baver et vomir des imprécations au sujet de tout ce qu'on ne
comprend pas, est la marque de ces cuistres et de ces harpies patentés, que
sont toux ceux et celles dont la critique, consiste à tout réduire à des
allusions malveillantes, de la médisance et de la calomnie. Quand ce n'est pas
tout cela en même temps, et pire encore.
Le tout à grands renforts d'exemples
impertinents, n'ayant pour toute preuve de ce qu'ils avancent, que leur petite
expérience personnelle, aussi étroite que leur esprit malsain et méchant. Il
faut les ignorer, alors qu'on sait que comme la vermine et les maringoins des
marécages, leur présence pour insupportable qu'elle soit, est irréductible.
Tout au plus peut-on s'en préserver en les tenant hors des enceintes où se
rencontrent l'intelligence, la vraie, celle qui cherche à comprendre, et la
bonne volonté.
Causes sociales de
la pauvreté.
La pauvreté a des
causes sociales collectives. Des quartiers négligés par les administrations, au
milieu de villes autrement prospères, aux prétextes que les populations qui y
vivent ne payent pas de loyers assez élevés, ce qui fait que les revenus
fonciers y sont moins abondants. De pareilles approches souvent dites
''gestionnaires'' prennent en compte de rudes comptabilités ''réalistes'', et
négligent cette autre comptabilité qui considère le point de vue humain.
Puis il y a toute cette petite délinquance, cette
petite criminalité, qui constitue le climat social d'un quartier négligé,
laissé à lui-même, au milieu duquel fermentent les frustrations, la honte, le
désespoir, et la folie.
Logements insalubres parce que les propriétaires
considèrent que l'entretien des bâtiments loués, ne vaut pas les rendements
qu'ils en tirent. Alors que trop souvent, les locataires qui habitent ces lieux
délabrés, ces taudis, se font rançonner par des ''slumslords'', des
fesse-mathieux, dépourvus de conscience sociale, et âpres au gain.
Dans de tels contextes, c'est
l'administration publique, donc la collectivité, qui doit supporter les prix de
ces abandons, les coûts de ces démissions irresponsables. C'est bien évidemment
là qu'il faut intervenir, justement parce que ces propriétaires dépourvus du
sens du respect des autres, se fichent que ceux qui leur versent leurs juteux
revenus, croupissent dans la misère.
Devant de tels désordres la municipalité doit
avertir d'abord les propriétaires délinquants, et ensuite agir à leur place
''et à leurs frais'' s'ils n'obtempèrent pas rapidement. On parle ici de
dossiers d'insalubrité et de décadence des bâtiments qui doivent être
solutionnés dans les 90 jours, pas plus. Que l'on fasse quelques exemples
punitifs significatifs et les autres prendront rapidement le pas.
Quant aux propriétaires vexés ou
bien outrés qu'on leur impose le respect des normes de salubrité et de sécurité
élémentaires, ils s'adresseront aux tribunaux, là où justement l'administration
publique est puissante, et pourra leur faire payer avec usure leurs négligences
criminelles.
Ils auront le choix, soit de rénover et
d'entretenir leurs propriétés aux fins de locations décentes, ou bien ils
dépenseront des fortunes à ne pas vouloir le faire, devant les tribunaux. Avec
à la fin, l'obligation quand même de payer pour les rénovations. Quant à ceux
qui s'entêteront à ne rien faire, la ville devra se résoudre à les exproprier
au plus bas prix, en tenant compte bien évidemment de l'état de délabrement de
leurs propriétés. Quitte si la facture dépasse la valeur des logements à les
saisir tout simplement.
Éduquer, éduquer, éduquer!
On sait bien aussi que
lorsque le niveau d'éducation est bas au point de friser l'analphabétisme,
qu'il est plus difficile de se défendre contre les abus. Entrent alors en scène
les services policiers qui manquent du tact nécessaire pour affronter ces défis
complexes, pour lesquels d'ailleurs ils ne sont pas formés.
Il se crée ainsi des climats de suspicion, de
confrontation, doublés de ceux de la répression, auxquels se joignent bien
évidemment des maladies mentales, psychosociales, ou un mélange de tout cela.
Gang de rues,
prostitution, consommation de drogues, itinérance, violences conjugales,
familiales, travail dans des sweat shops (ateliers de misère) que les autorités
ne contrôlent pas, parce que quelque part, elles se montrent fort
accommodantes, et regardent ailleurs.
Fermer les yeux
pour ne rien voir.
Il est de bon ton dans
la société de s'assurer que la pauvreté et ses misères soient concentrées dans
certains quartiers, ce qui permet à d'autres mieux nantis, d'exister
confortablement, dans une joie de vivre décente.
La pauvreté vit de la
misère, et la misère engendre de la pauvreté et de la folie. Cercles vicieux. Que
peut donc faire la ville dans un tel contexte?
Efficacité?
D'abord, comme il y a beaucoup de services
communautaires qui travaillent avec des bénévoles (dont le travail n'est pas
toujours cohérent et même parfois intéressé par la misère, qui œuvrent
maladroitement dans des quartiers laissés pour compte) il faut que la ville y
joue son rôle de coordination de ces groupes disparates. Lesquels tirent à hue et à dia, et loin de s'entraider, se
nuisent mutuellement. Pas toujours bien évidemment, mais trop souvent.
On peut certes invoquer ad
nauseam le manque réel de ressources, les limites des organismes communautaires
qui s'appuient sur l'entraide de quartier, la solidarité, et la coopération
sociale.
Ces impondérables font aussi la
preuve, malgré toute la bonne volonté disponible et agissante, qu'une approche
basée sur la seule solidarité humaine ne fonctionne pas très bien. Étant donné
que malgré des décennies d'interventions, ces problématiques de pauvreté, loin
de se résorber avec le temps, s'amplifient et déroutent les intervenants les
plus dévoués qui redoublent d'efforts, alors que la pauvreté augmente toujours.
Pourtant il faut bien
reconnaître que ces organismes font du meilleur travail de résolution des
problèmes de la pauvreté, que ne le feraient des fonctionnaires plus ou moins
éclairés, et qui agiraient comme des fonctionnaires. C'est-à-dire de manière
mécanique, statistique, et sans trop tenir compte du caractère humain des
désespoirs qui fermentent dans les quartiers pauvres. La pauvreté est une
maladie et doit être traitée comme telle.
Il faut épurer la longue listes des organismes qui
se disputent les maigres budgets sociaux, et tout en bonifiant considérablement
ces budgets généralement faméliques, faire en sorte qu'il y ait moins de chefs
et plus d'indiens. Donc moins de technocrates de l'intervention en milieu
pauvre, et plus d'intervenants sur le terrain.
Au Québec la manie des
organigrammes compliqués à l'extrême, souligne à l'évidence, que beaucoup
d'intervenants sociaux sont dépassés par la complexité des désordres qu'ils
veulent réduire. Alors ils multiplient les postes de décisions, s'égarent au
sein de réunions bavardes, délibèrent interminablement, et finalement
n'aboutissent qu'à gaspiller les énergies disponibles, à dépenser en pure perte
les budgets tout aussi disponibles.
Ne faut-il que délibérer, la Cour en conseillers foisonne.
Est-il besoin d'exécuter, on ne rencontre plus personne! Lafontaine
La ville peut recruter dans les universités et les
écoles spécialisées, des intervenants qui iront dans ces milieux défavorisés
faire leurs preuves, y gagneront leurs galons d'intervenants efficaces, au
mérite des améliorations qu'ils apporteront par leur travail. Si rien n'avance avec
ces gens-là, on saura qu'ils sont incompétents et on recrutera ailleurs. À
moins que l'on en arrive au constat navrant que quoiqu'on fasse la pauvreté
sera toujours là et y restera. Ce fatalisme ne me convient pas.
On parle ici d'éducation,
et pourquoi pas d'éducation populaire.
Du même souffle la
ville doit intervenir dans la structure
physique du quartier. En resserrant les contrôles de la salubrité des
logements, en fournissant par ses offices d'habitations, des loyers décents, salubres,
confortables. Oui oui, je le sais bien, cela fait mille ans qu'on le dit. Mais
alors au lieu de le répéter il faut le faire. Inutile de reprendre encore une
fois des études innombrables qui dorment empoussiérées sur des tablettes. Il
faut agir.
Plus de cohérence.
Que ces logements
coutent plus cher (en terme de marché) que ce qu'ils rapportent n'a pas à être
considéré, puisque le ''profit'' recherché est dans l'amélioration de la vie de
quartier, la baisse de la criminalité et des maladies, et ainsi par ricochet
d'obtenir par cette action prophylactique, des économies considérables sur le
plan des désordres sociaux. Moins de criminalité, moins de police, moins de
répression, plus de convivialité sociale. Moins de délinquance.
Une fiscalité du
XXIe Siècle.
La ville doit favoriser
par une fiscalité avantageuse dans ces quartiers, l'arrivée de petits
entrepreneurs, capables de piocher dans cette main d'œuvre abondante, qui ne
demande pas mieux que de se rendre utile.
Dans la mesure où les entrepreneurs,
petits et gros, ne prennent pas prétexte de ces créations d'emplois, pour
abuser des citoyens en leur payant des salaires de crève-la-faim. On parle ici
de salaires moyens, compétitifs si on veut, mais absolument décents.
Avec à la clé, des loisirs bien
adaptés, du bénévolat encouragé par des récompenses significatives, de manière
à créer un cadre de vie avantageux, où rapidement, la misère va reculer, et une
vie de quartier revampée va s'organiser autour de marchés publics bien approvisionnés. Où les
loyers des commerçant seront abordables, et la bureaucratie réduite à
l'essentiel.
Il va de soit que dans de tels quartiers, l'effort
de décoration des lieux publics avec un mobilier original (qui en plus d'être
beau soit aussi utile, et fonctionnel) doit être une priorité et marquera tel
ou tel quartier par son originalité, lui conférant une personnalité identitaire.
Au lieu de payer ce mobilier à même les fonds publics, je proposerais que les
associations de marchands des rues soient responsables de ce volet. Cela se
fait d'ailleurs à bien des endroits. Il suffit d'encourager cette implication. C'est dans l'intérêt des
marchands que leurs rues soient accueillantes, confortables, sécuritaires.
Il faut des petits commerces de proximité, au lieu
de ces centres d'achats déshumanisants, de manière qu'il se crée et
s'entretienne dans la communauté, un sentiment permanent de bien-être et de
convivialité, qui favorise les rapprochements.
On voit tout de suite ici que
dans l'aménagement d'un quartier, la ville a beaucoup de pouvoir, du moment
qu'elle utilise dans des buts avoués, des pouvoirs de réglementer qui soient en
accord avec sa politique.
''Il faut insister ici sur la
nécessité absolue de faire rapidement la synthèse des études déjà existantes,
et de faire cela sans rajouter un sou aux budgets actuels. Il faut simplement
et rapidement nommer à ces tâches, des femmes et des hommes, des intervenants déjà
payés, et leur imposer des obligations de résultats.''
Ces gens-là existent dans la
fonction publique municipale. Ce n'est pas une affaire d'augmentation de
budgets qui ne servent au fond qu'à tâcher à coups de millions de faire
fonctionner des programmes qui ne marchent pas. Trop lourds, trop tatillons,
trop tracassiers. Changer de formule et aller à l'essentiel. Pas en deux ans…
en quelques semaines.
Des commerces à
visages humains.
C'est la ville et elle seule,
qui a le pouvoir de réglementer la taille et la qualité des commerces. Veiller
au respect de la langue française. S'assurer que l'embellissement des façades
soit régulier, et que la ville offre des services de conseillers, qui au lieu
de réprimander, vont suggérer ou imposer lorsque les intervenants auront
affaire à des têtes de cochon (il y en a).
Il faut bien évidemment aussi faire baisser les
formes de mécontentements que sont les parcomètres et autres signalisations
abusives, dont la raison d'être est seulement d'engranger des amendes. Ces
irritants, au prétexte de revenus faciles pour la ville, découragent la
fréquentation des rues commerciales et les alentours des marchés publics, et font
fuir les consommateurs vers les banlieues. Mauvaise gestion.
La circulation automobile dans
ces quartiers riches d'enfants, doit être sévèrement encadrée, de manière
persuasive, sans trop abuser de la routinière répression. C'est une affaire
d'aménagement des trottoirs, des rues et des stationnements incitatifs.
Une signalisation et un marquage
des rues qui tiennent compte des personnes âgées, de l'usage de la bicyclette,
de la circulation piétonnière. Sans oublier de mentionner qu'il faut que l'Art
puisse s'exprimer sans contraintes, hormis les débordements haineux.
Donc de la place aux musiciens
de rue, aux popotes roulantes, aux nombreuses expressions culturelles qui
demandent de temps en temps que l'on ferme les rues pour pouvoir y présenter
des activités récréatives culturelles, et ainsi de suite.
Ces choses-là n'exigent que peu
d'argent, et font appel à l'imaginaire populaire. Ne pas mettre de bâtons dans
les roues des créateurs est déjà une formidable économie de temps et d'argent.
De plus il faut que dans chaque
quartier, que les citoyens soient conscientisés à la nécessité qu'ils ont de
respecter leurs lieux, de les tenir propres, et que des campagnes de civismes y
soient multiples et variées. Répétons ici les maîtres mots de ces approches
communautaires… éducation, civisme et implications collectives.
Les citoyens
doivent se conduire en adultes.
Je m'inscris en faux
devant les exigences d'une population infantilisée qui demande aux services
publics de se charger de tout ce qui déborde du logement, de la maison. Comme
si la voie publique appartenait à une entité désincarnée qui s'appelle la ville
ou la municipalité, et où les citoyens payeurs de taxes se disent en leur for
intérieur que du moment qu'ils payent ces taxes-là, les problèmes de la rue, de
la voie publique, ne sont plus de leur ressort.
Bien au contraire; c'est parce que chacun paye de
sa poche que cette voie publique doit être considérée par tous comme un bien
collectif qui appartient à chaque citoyen. Lequel en a au moins la
responsabilité en ce qui touche le domaine public qui jouxte son domaine privé.
Responsabiliser.
Je voudrais que chaque citoyen soit mis à
contribution et se charge avec ses voisins, de tenir propre, son devant de
maison, son bout de ruelle, son coin de rue, son morceau de parc, et ainsi de
suite. La ville se contentera alors de ne passer le balai qu'une fois par
semaine voir une fois par mois. Vous n'imaginez pas à quel point la somme de
ces petits efforts particuliers, pèsera lourd dans les économies d'échelles que
la ville fera ensuite, du fait de l'engagement de chacun. ''Ad augusta per
angusta'' (pour les lettrés).
Exemple…
Donc on garde le service de balayage des rues, mais
on en discipline l'usage. Chacun chacune s'impliquant soit de son seul chef ou
en collaboration avec des comités de quartier, où tous, petits et grands seront
invités (sérieusement) à faire leur part. On parle ici de millions de dollars
en économies, qui pourront avantageusement êtres mis à contribution ailleurs,
là où on en a besoin.
Et je ne vous parle pas du gel
des taxes, et pourquoi pas éventuellement de leur abaissement?
Le balayage des rues me sert à
dessein ici d'illustration. Là où pour un esprit éclairé, on voit bien que
cette approche peut être étendue à beaucoup d'autres services…j'y reviendrai.
Hey les chialeurs!
On se calme!
Bien sur qu'il y a
quantité de contestataires qui vont se récrier, s'offusquer qu'on veuille leur
faire passer le balais dans les rues. Voudrait-on les prendre pour des
manœuvres préposées aux basses besognes? Je leur répondrai sans élever la voix,
que s'ils sont capables de salir les rues, ils doivent aussi être capables de
ramasser leurs déchets. Puisqu'on en
parle ne pourrait-ils pas commencer par ne pas les salir ces rues? Ces ruelles?
Prennent-ils leurs semblables pour des esclaves condamnés on ne sait trop
pourquoi, pour de la domesticité au service de leurs caprices et de leurs
manies dégoutantes? Entretiennent-ils leur demeure, ou bien leur faut-il là
aussi des esclaves?
Oui! Alors très bien, qu'ils
payent du personnel pour faire le travail à leur place, là où d'autres feront
des économies substantielles en faisant leur part dans l'entretien et
l'enjolivement de leur quartier.
Bien sur qu'il y aura dans un
premier temps quantité de rouspéteurs, d'indignés égoïstes, habitués depuis
toujours à ce qu'on leur serve tout. À la longue ils (elles) s'amenderont, et
je parie sur la bonne intelligence de la majorité pour la suite des choses.
L'exemple viendra du voisinage, et de l'effort des plus disciplinés. Quant à
ceux et celles qui ne voudront absolument pas s'impliquer, ils seront laissés à
eux-mêmes, et la sélection naturelle (en quelque sorte) de la solidarité
générale, décidera de leur sort. Certains reclus sont des exclus qui macèrent
dans leur misanthropie, et que voulez-vous que j'y fasse hein?
Clément Sauriol
Montréal