samedi 23 avril 2016

Coup d'oeil sur la Ville.



Aujourd’hui et demain

La ville de Montréal va changer et nous souhaitons tous que ce soit pour le mieux.

Se profile à l’horizon des 5 prochaines années, de très grands chantiers de reconfiguration des transports dans la ville. Ce qui soit dit en passant, ne va pas améliorer la circulation dans un premier temps. Une fois ces travaux complétés on verra bien. Cependant si les gens se déplacent, et s’ils travaillent afin de pouvoir vivre décemment, et avoir une existence confortable, c’est bien parce qu’il y a des moyens de transports. Or quels sont-ils ces moyens ?
La marche à pied, la bicyclette, les petites et grosses motocyclettes à essence ou électriques. La voiture, de loin le moyen le plus favori. L’autobus et le métro, qui sont les structures les plus fondamentales d’une ville, avec son réseau routier. Les chemins de fer, les navettes fluviales, le téléphérique, et bien sur l’avion. Dans ces réseaux et ces moyens, coexistent en sous-structures d’autres moyens, qui sont en somme des déclinaisons des autres. Citons le taxi, le covoiturage.
La ville de Montréal a déjà en place de grands projets, à des stades plus ou moins avancés. Les infrastructures sont vétustes et en passe d’être remises aux normes les plus actuelles. Ce qui engendre énormément de contraintes, d'ici à ce que ces travaux soient complétés.

Les égouts, les réseaux d’aqueducs et de drainages pluviaux doivent tous être refaits. Ils ont souffert de négligences diverses depuis des lustres, et maintenant il faut tout reprendre en sous œuvres, c’est le cas de le dire. Certaines techniques de réhabilitation permettent de limiter les inconvénients. On procède à la réparation de la tuyauterie souterraine sans éventrer les rues, ce qui est une bonne chose. De par leurs natures souterraines, on comprend que ces travaux de mise à jour vont se faire sur de nombreuses années. Alors qu’il faut aussi moderniser l’épuration, construire de vastes usines de décontamination et de traitement des eaux, et reconfigurer tout le recyclage des déchets.

En fait ce travail de modernisation doit être permanent. Tout s’use, tout casse, et l’augmentation de la circulation de surface n’aide pas. À partir du moment où l’on considère que l’essentiel des égouts et des drains pluviaux, ainsi que les réseaux de gaz et d’eau, datent parfois de 100 ans, et n’ont pas été conçus pour résister aux passages permanents de milliers de camions qui pèsent entre 40 et 60 tonnes, quand ce n’est pas plus. Quant à la circulation automobile, disons qu’aux heures de pointes, là où on en a le plus besoin…hé bien ça ne circule pour ainsi dire pas.

Il faut donc s’y prendre autrement, et ça c’est l’affaire des transports en commun.

Il y a en ce moment d’énormes chantiers qui se brassent à Montréal, et qui représentent des milliards en investissements. Ce qui au fond est une bonne chose du point de vue économique, malgré leurs évidents inconvénients, qui paradoxalement, nuisent à cette même économie. Les grands chantiers procurent du travail à des milliers de travailleurs directement et indirectement. Ils participent au plus haut niveau à la prospérité de la Grande Ville. Tous les secteurs sont mis à contribution. Mais les grands chantiers nuisent à la circulation fluide, provoquent des montées de pollution, multiplient les degrés de stress des usagers, et cela a une incidence directe sur leur santé et sur les finances de l’État. Ils nuisent surtout à la bonne marche des affaires. Retards, congestions, augmentations des coûts de main-d’œuvre, pertes de temps. La liste est longue. Mais bon il faut bien faire quelque chose.

Il y a la reconstruction du Pont Champlain, plus ou moins 5 milliards de dollars d’investissements. Le CHUM n’est pas terminé et là c’est plus ou moins 3 milliards de dollars. Il faut recouvrir l’autoroute du centre-ville, quelques centaines de millions, peut-être un milliard pourquoi pas?

On est en train de démolir l’autoroute Bonaventure et de reconfigurer à la fois le Vieux-Port, le quartier Griffintown, alors qu’on vient de faire des travaux majeurs sur les chutes à neige et les égouts périphériques de la ceinture de la ville. On procède à d’énormes aménagements du coté de l’Échangeur Turcot, de l’accessibilité au CUSUM, et d’énormes chantiers sont sur les tables à dessin qui n’attendent que le feu vert des gouvernements.

Le métro de la ligne bleue, probablement 5 milliards. Le service d’autobus rapide du boulevard Pie IX, un autre milliard. Puis maintenant la construction de trains légers sur rails (SLR). Une énorme entreprise de modernisation des transports en commun de surface, qui vient d’être annoncée. Plus ou moins 5 milliards, et ma foi tant mieux! Le prolongement du Boulevard Cavendish. Faudra aussi revenir sur le dossier de la rue Notre Dame, sorte de grand boulevard urbain de l'est de la ville, et je n’ose m’aventurer dans le cas extrême du boulevard Métropolitain, dont personne ne sait que faire d’une telle horreur. D’ici à ce qu’on recouvre aussi le Boulevard Décarie, et qu’on construise dessus de nouveaux logements… enfin, on y songe! Personnellement j’en ferais un parc de verdure. Mais bon ce n’est pas moi le maire. Pas encore. Rires…

Au même moment se construisent en ville de nouveaux gratte-ciels qui vont  changer considérablement le look de la ville. Il faudra évidemment repenser toute la signalisation routière, et procéder à des changements de mentalité, à partir de vastes campagnes de sensibilisation et d’éducation des usagers. La tâche s’annonce difficile. Une augmentation considérable de l’offre en matière de transports en commun, va provoquer des effets contradictoires dont il faudra tenir compte. Il faut aussi ajouter que la bicyclette a elle aussi ses exigences, et que ses usagers se montrent de plus en plus impatients d’être entendus. Les règlements de cohabitation des cyclistes avec la circulation générale datent du temps du Grand Bi. La Belle Époque quoi! (1900). Rires…ces cyclistes ne veulent plus de pistes barbouillées sous forme de corridors qui longent les stationnements de voitures, où ils risquent toujours de se faire estropier. Il leur faut de vraies rues libérées de la circulation automobile. De grands axes qui traverseront la ville d'est en ouest et du nord au sud. Avec aussi du partage avec les piétons et les autos.

Quant aux piétons, déconsidérés depuis 100 ans comme viande à pneus, vous pensez s’ils sont importuns. Quelle engeance hein! Pourtant, tout le monde est plus ou moins piéton quelquefois dans sa vie non? C’est chouette d'avoir des jambes, pensez pas? Ben coudonc ! Depuis quelque temps on tâche de les accommoder ces piétons malcommodes, en élargissant les trottoirs, en misant sur du mobilier urbain, des bancs, des poubelles, des abris contre la pluie qu'ils partagent avec les usagers des autobus, des kiosques d'information sur la vie de quartier, des traverses sécuritaires avec plus d'entraves à la circulation, mais bref tout cela est timide. Le piéton on l'accommode certes, mais on ne lui rend pas justice.

Les automobilistes vont jubiler devant la possibilité de voir de plus en plus de gens se tourner vers des transports en commun améliorés. Sauf que ce ne sera pas pour des raisons de changement de comportement. La nature humaine étant ce qu'elle est, s’il y a des centaines de milliers d’automobilistes qui se font le même raisonnement, les transports publics seront sous utilisés. Les automobilistes (pensants qu’ils serviront à dégager de l’espace pour leur voiture) vont augmenter au lieu de réduire. Et qui dit automobiles dit stationnement et encombrement de toutes les chaussées. Paradoxe, problème, contradiction…c’est pas clair tout ça. Il y a comme un malaise! En plus on se demande à quoi sert au fond toute cette agitation ?

Cela sert à occuper le monde, parce que s’il fallait organiser la ville en réduisant à néant l’agitation qu’engendrent les nécessités du transport, au point que les gens resteraient chez eux, l’ennui les rongerait, et ils mettraient au point des scénarios pour s’entretuer.   Ne serait-ce que pour se divertir. Tout le monde n’est pas fait pour méditer dans la sérénité. Il faut donc qu’il y ait agitations et occupations sinon…c’est la fin du Monde dans la violence et le sang, à commencer par des vagues de suicides collectifs. J’exagère ? Sans doute…mais je réfléchis ici avec vous. Mis à part quelques expériences pilotes, le travail à la maison en réseaux d'ordinateurs configurés ne semble pas faire d'adeptes. Sans doute quand il y aura des écrans grandeur nature, mais bon tout ça demeure du domaine de la prospective.

Je ne vous ai pas parlé encore de tous ces autres chantiers qui se bousculent au portillon des progrès attendus. Le lien entre l’aéroport et le centre-ville, une navette rapide probablement, intégrée au projet de SLR (système léger sur rail). Les services de loisirs aux citoyens, parce que bien sur hé oui…qui dit travail et production, doit considérer que la créature humaine a aussi besoin de bonheur, de délassement, de repos.

Que l’on pense aux festivals qui font la renommée de Montréal. Il y en a combien qui ont besoin d’espace, et qui entrent en contradiction avec le train-train quotidien de centaines de milliers de travailleurs dans tous les domaines ? Je ne les ai pas tous comptés, mais il doit y en avoir pas loin d’une cinquantaine, qui se tiennent tout au long de l’année dans les rues.

On se prépare aussi aux fêtes du 375ième de la fondation de la ville, qui coïncideront avec celles du 150ième  de la confédération. On va réparer le Pont Jacques Cartier qu’il va falloir illuminer de façon permanente. Il faudra soit réparer ou démolir le vieux Pont Champlain. Idem pour le Pont Mercier. On parle d’aménager un train léger accroché au nouveau Pont Champlain, qui ira lui aussi au centre-ville. On m’a soufflé qu’il y avait des plans pour des navettes fluviales, un éventuel téléphérique entre la Rive-Sud et le centre-ville. Éventuellement sur un horizon d'une dizaine d'années, on devra compléter le métro entre Laval et Montréal à partir de la Côte Vertu, et ainsi boucler le trajet. Va s'ajouter à ces bouleversements le monstrueux projet d'aménagement d'un super centre d'achats, accolé au Boulevard Métropolitain dans Mont-Royal, et qui fait déjà le désespoir des commerçants du centre ville de Montréal. Il y a aussi ce projet de réaménager la rue Sainte Catherine avec ses trottoirs chauffants. Si tous ces projets se réalisent un jour, le centre-ville de Montréal sera à toutes fins pratiques paralysé, du fait que tous les gens des alentours voudront y venir pour y travailler, magasiner et s’y divertir.
Bien sur j'ai pensé qu'il serait avantageux pour tout le monde de réduire considérablement les taxes foncières à Montréal, de façon à faire revenir en ville ces centaines de milliers de citoyens qui l'ont fuit pour s'installer au vert en banlieue, et qui maintenant doivent faire l'aller-retour matin et soir pour y venir travailler. S'ils étaient sur place ils se rendraient à leur boulot en métro ou à pied ou à bicyclette, et on réduirait la congestion, mais je doute que les gens veuillent ce genre de solution.

Il faudra pour supporter toute cette frénésie, que les dites infrastructures soient d’une solidité et d’une durabilité à toutes épreuves.  Ce qui soit dit en passant est loin d’être gagné là encore, si on considère les dangers de collusion, de corruption, de dérapages de gens sans scrupules, qui vont rogner sur la qualité des matériaux. Bien sur qu'une grande ville c'est dynamique, ça bouge continuellement. Ce qu'on cherche à faire avec toutes ces entreprises c'est éventuellement d'arriver à faire en sorte d'y dégager une cohabitation non pas concurrentielle, mais conviviale. 
Est-ce possible ? Dans l'état actuel des choses la réponse est non. Cependant on peut, on doit parvenir, à y installer une sorte de climat de coopération et de respect généralisé. Vaste entreprise, dans un univers urbain où tout un chacun se croit plus ou moins tout permis, et dans lequel tant d'intérêts particuliers entrent en conflits. L'harmonie est en quelque sorte incompatible avec la vie urbaine. On parle ici de tolérance, de compromis. C'est déjà quelque chose!

Au fond je suis plutôt content de la tournure des événements. Je ne considère pas la lubie du maire actuel à propos de son fichu stade de baseball. Il faudrait enfin terminer le Stade Olympique, ce qui couterait moins cher. Et puis cette saga du toit du stade dure depuis 40 ans. C'est long 40 ans pour construire un toit de stade, et cela en dit long sur le degré d'incompétence et de filouterie dans lequel patauge ce dossier interminable. Une autre stade avec ça? Non merci!
Il y a mieux à faire avec de l’espace en ville, que d’y construire un stade de baseball qui ne servirait au mieux que six mois par année. Des salles de spectacles et des auditoriums, la ville en a à ne plus savoir quoi en faire. Par contre on manque de logements et ma foi, le monde, c’est plus vivant qu’un édifice d’un sport qui…bref ça ne m’intéresse absolument pas. Au mieux ça concerne une dizaine de milliers d'adeptes. Ce sont des efforts perdus dans des entreprises futiles. De toute façon, baballe pour baballe, les gens préfèrent le foot!

Autres problèmes? Les nids de poules, les rues à refaire par centaines. Les taudis à démolir. Les rues commerciales à revamper. Certaines sont d’une laideur dignes du Tiers-monde. Exemple significatif entre tous, la rue Mont Royal. C’est laid!!! Pouah, pouah, pouah !!!

Repenser les rapports entre les citoyens. Exemples: les manifestations que l’on cherche toujours à juguler à coups d’amendes, de restrictions. Manifester est un droit, une nécessité civique. Les manifestations sont autant de signes avant-coureurs des changements qui s’annoncent dans le domaine si peu fréquenté de la liberté d’expression, et de la Liberté tout court. Il faut non seulement protéger les manifestations mais en encourager l’expression. Que diable, on ne vit pas seulement pour travailler! La ville est le lieu par excellence de l’expression civique, le domaine de l’appréciation citoyenne. 
On ne peut pas seulement se rabattre sur le défilé de la fête des irlandais, ou la parade gaie, et celle du père-noël! Quant au défilé de la coupe Stanley, il vaut mieux le redouter que l’espérer. À chaque fois ''heureusement maintenant rarissime'' ça tourne au grabuge!

On a matraqué comme des malades les étudiants qui voulaient s’exprimer paisiblement en 2012. Les manifestations politiques sont autrement plus importantes que les défilés commerciaux ou sportifs! Allons-nous protéger les défilés religieux, et interdire ceux qui touchent l’organisation de la société civile? En voilà une niaiserie criminelle! Quant aux confrontations entre la Police et les contestataires à chaque journée anti-brutalité policière, qui tournent à la brutalité chaque année, il faut y mettre un terme.

Heureusement encore ici, on se prépare à planter 375,000 arbres de toutes essences autour de, et à Montréal. J’approuve ! J’applaudis !

Clément Sauriol