lundi 25 août 2014

La Loi (3) et l'Ordre !





Montréal le lundi 25 août 2014

La loi (3) et l’ordre.


On n’arrête pas ces jours-ci de nous abreuver, nous, pauvres et misérables contribuables de menaces de catastrophes qui nous pendouillent au nez, avec ces fichues retraites de fonctionnaires, cols blancs, cols bleus, pompiers et policiers, qui en plus de ça, par-dessus le marché, comme si les choses pouvaient encore aller plus mal, promettent ces derniers, de tout casser si on change quoi que ce soit à leurs sinécures.


Alors ils foutent le feu à la rue. Bousculent les élus avec un grand courage, puisqu’ils saccagent l’Hôtel de Ville le visage masqué, et portant des déguisements d'Halloween. 

''Céty pas un scandale ça monsieur, madame, qu’ils veulent ainsi nous dire...que ces foutus élus veuillent fourrager dans nos pensions, à nous, serviteurs publics si dévoués ? Hein que vous le savez tous vous autres bons citoyens, à quel point on est dévoués et qu’on adore vous servir ?

On veut nous obliger à payer 50% des cotisations de nos pensions futures.
Et pourtant hein ...nous aussi on a voté libéral."


Le Ministre Pierre Moreau qui tient tête au Président de la Fraternité des Policiers de Montréal et qui le rappelle à l’ordre. Du jamais vu ! Quelle audace ! Yves Francoeur est l’homme le plus puissant de la planète, et on ose le contredire, lui faire la leçon ? Hey garez-vous les gugusses, ça va barder, vous n'avez encore rien vu. Nous à la Police on est armés je vous signale. Faut pas nous faire c….


Ça donne une idée du ton qui sous-tend ces fameuses négociations qui n’en sont pas, alors que matamores et grandes gueules d’un coté comme de l’autre, s’affrontent au finish, dans une entreprise de démolition de la démocratie comme on en voit rarement.
Et le règlement P6 qui interdit les manifestations spontanées sans que les protestataires ne déposent leur itinéraire ?

L’ont-ils déposé leur itinéraire avant d’envahir l’Hôtel de Ville ? Et les masques, les foulards pour se cacher ? Et tout ça sous l’œil rigolard des policiers en service qui n’ont rien fait parait-il ?


Deux poids deux mesures me dites-vous ?

Mais voyons donc ! Depuis quand ? Il n’y a pas deux poids deux mesures, il y a la réalité, point à la ligne.

Et la réalité est que les étudiants sont des voyous en puissance qui manifestent (paisiblement) par dizaines de milliers et qu’il faut bien matraquer un peu, histoire de garder la forme. 
Alors que les policiers eux sont les gardiens de l’ordre ! Quel ordre me direz-vous ? Mais le leur ! Le reste c’est de la littérature pour les gogos.


Voulez-vous gager ici avec moi que Pierre Moreau va se déculotter lorsque cet automne les policiers, les pompiers, les cols blanc, les cols bleus et avec eux leurs marmailles, leurs femmes leurs maitresses et leurs amants, vont envahir les rues en vociférant des slogans vengeurs ?


Bien sur qu’il faut mettre de la raison dans le fouillis administratif. Mais c’est pas avec des parlottes plus ou moins intelligentes que ça se fait…ben non…c’est à grands coups d’éclats…avec des menaces, et éventuellement des coups bas. De la démolition de mobilier urbain, de désordre dans les rues, et de la perturbation économique que ça va se faire.
Le but poursuivit dans tout ça ?


‘’C’est ben simple si vous pensez économiser de l’argent en balisant nos fonds de pension, nous on va tout casser. On va niaiser au lieu de travailler, et ça va vous couter ben plus cher que ce que vous pensez économiser sur notre dos, qu’ils vont nous dire les fonctionnaires.’’

Mais allez-y que je leur réponds, moi le citoyen qu’on insulte par tant de fureur bravache. Au moins quand vous ferez la grève du zèle, on aura un semblant de paix, au lieu de se faire continuellement apostropher par des grossiers de bureaux, des tracassiers de la paperasse, des illuminés du ticket et des provocateurs qui nous menacent sans cesse des tribunaux pour des riens insignifiants.


Faites-la donc votre grève, et quelle dure assez longtemps qu’on ne s’aperçoive plus que vous existez. Il y en a plein d’autres, des plus jeunes, qui ne demandent qu’à prendre vos places. La roue tourne !


Je les regarde aller, je les écoute rager, et je me dis qu’ils font vraiment tout pour se faire aimer du public ces grands incompris. Continuez, continuez, on vous a parfaitement compris. Mais pour la compassion et la solidarité vous repasserez mes bougres.
Et moi je n'ai pas voté libéral. Quelque part ça me fait un petit quelque chose de vous voir tous vous entredéchirer. Les loups mangent les loups, et les hyènes en font tout autant !
.................................et puis zut !



Montréal le 24 août 2014


Bien entendu nous ne sommes ni pauvres ni misérables nous les citoyens. C'est une façon de parler qui veut se mettre au diapason de ces ''serviteurs'' publics qui s'ingénient très mal, à vouloir se faire prendre en pitié par la population. Manque de pudeur, de fierté, de décence...un peu tout ça. Quant au débat lui-même il ne m'en vient que des bribes, perdues dans la clameur des vociférations, des menaces, des grossièretés.

Et dans ce vacarme calamiteux, on cherche en vain un début de raison, un quelque chose qui ressemblerait à de la responsabilité sociale, civique.


''Une loi spéciale avec ça pour interdire aux policiers les manifestations ?''
Les obliger à remettre leurs uniformes ? Et leur interdire formellement, ainsi qu'aux pompiers, d'utiliser le matériel (autos, camions) tout ce qui appartient à la ville, pour intimider la population.


Avec aussi, bien évidemment, l'obligation pour le gouvernement de négocier de bonne foi, en y incluant des arbitres, des analystes qui ne seront pas partie prenante ni d'un bord ni de l'autre. Ce n'est pas trop demander, ça s'impose ! Mais pour cela il faut du courage. Mettons que ce n'est pas gagné !


Quant aux droits des policiers entre autres, laissez-moi vous dire que des droits ils en ont plus que tout le monde ! Y compris une capacité abusive de pouvoir et vouloir intimider les élus, quand les choses n'évoluent pas en leur faveur. Et ça ce n'est pas du droit, c'est de l'abus, de la désobéissance, de la nuisance.

À ne pas confondre avec cette autre forme de désobéissance civile qui est le fait de citoyens qui s'insurgent parfois avec raison, contre des lois illégitimes. Dans le cas des fonctionnaires, on a affaire à des groupes de pression puissants, qui ont une énorme capacité de nuire chaque fois qu'une loi les contrarient. Il est certain qu'il y a dans le projet de loi 3 des éléments choquant pour ces braves gens, mais cette loi ne contient rien d'illégitime. 
Nous sommes en face de constats financiers qui doivent êtres mis à jour. La loi n'est pas illégitime, sauf que la discussion qui l'entoure est empoisonnée par des abus de langage, et une mauvaise foi évidente caractérisée de part et d'autre.



D’ailleurs. Comme je l’ai écrit plus haut, je ne connais pas assez les données de la problématique de ces mises à jour de régimes de pensions. J’ai regardé ici et là, tenté de saisir un fil conducteur, ça ne marche pas. Il faudrait que je sois à la table des négociations et que j’aie en main toutes les données.

Comme tout le monde, je comprends que les villes ont d’énormes déficits actuaires à combler, et que dans ce bras de fer entre les gouvernements et les syndicats, il y a beaucoup plus de choses conflictuelles que de points de convergence.

De toute évidence les deux clans ne parlent pas la même langue. Ce qui frappe toutefois c’est l’argumentaire féroce d’un coté comme de l’autre, au sujet de transferts de sommes considérables sur des décennies. Si on veut que les parties s’entendent, il faut absolument que les uns comme les autres, mettent de coté leur rhétorique égoïste, et qu’ils considèrent le bien commun, en tenant compte du point de vu des citoyens qui à la fin vont payer la note.


C’est assez remarquable ça cette absence de sensibilité vis-à-vis du contribuable qui est considéré comme partie insignifiante. Quoi qu’il en soit, pour le moment les citoyens n’arrivent pas à saisir les enjeux réels qui sont en cause.

Autant on a l’impression que les fonctionnaires se conduisent en enfants gâtés, autant on a le sentiment que les autorités (entendre les gouvernements) se conduisent en potentats, qui tentent de s’imposer par la force plutôt que par la persuasion raisonnée. 
Avec un tel climat, je doute que l’on arrive à quoi que ce soit de probant. En définitive on accouchera d’un compromis boiteux, qui laissera les protagonistes sur leur faim, et le tout sera remis à une prochaine chicane, alors que pendant ce temps-là les rancœurs fermenteront jusqu’à la prochaine conflagration.

Clément Sauriol